Quitter son métier : le chemin, la destination ou la compagnie, quelques questions (entre autres) à se poser avant de se décider

Dans mon ancien métier d’avocate en fusions-acquisitions, je passais mon temps à me presser et tout autant à presser les autres, pour, au choix : avancer sur l’ordre du jour d’une réunion / aller au bout d’un raisonnement / finir de rédiger un contrat / envoyer des mails / terminer un call. Je parlais très vite (ça reste encore le cas souvent !), et je ressentais beaucoup d’impatience en face de ceux qui parlaient lentement ou partaient dans des digressions sans fin.

Aller toujours plus vite à destination

Pourquoi cet empressement ? Parce que mon obsession était de terminer ce que j’étais en train de faire, et de passer à la tâche suivante, à la réunion suivante, au document suivant. J’étais d’une efficacité redoutable, au détriment de mon rythme intérieur et de celui des autres. J’arrivais à trouver une forme d’équilibre de vie pro/perso envié par certains, avec plus ou moins de succès selon les contraintes des dossiers en cours.

Pourquoi cette obsession de finir ? Parce que je n’appréciais qu’une petite partie du chemin… Sur chaque dossier, j’avais hâte d’arriver à destination. Comme on a hâte de terminer un examen. Ce qui m’a néanmoins fait rester dans ce métier ? Mon goût pour la gestion de projet et mon besoin de stimulation, ainsi que l’environnement humain dans lequel j’exerçais – certains collaborateurs et associés qui étaient devenus des amis, certains clients ou confrères que j’appréciais humainement.

J’ai vraiment pris conscience de ce rythme effréné que je m’imposais et que j’imposais aux autres, par contraste avec mes premières séances en tant que coach : pour la première fois de ma vie professionnelle, je prenais mon temps, j’étais dans le moment présent, sans regarder l’heure qui défile, je prenais plaisir à échanger, à questionner un raisonnement, je laissais même de longs silences (chose inimaginable auparavant !) pour laisser à l’autre le temps de faire émerger une idée, une solution.

(Re)trouver la sensation de « flow » ou l’appréciation du chemin

Je me suis demandé après ces premières séances ce qui justifiait chez moi un changement aussi radical et presque inconscient dans ma façon d’être. Puis j’ai compris. Pour la première fois, j’appréciais vraiment le processus, le chemin ; mon objectif n’était pas d’arriver à destination. Je vivais ce que signifie d’aimer vraiment ce qu’on est en train de faire : ressentir ce qu’on appelle « le flow », un mélange de concentration, de plaisir, de maîtrise de ce qu’on fait, et d’indifférence au temps.

L’artiste qui est tout entier concentré à peindre sa toile, ou à sculpter l’argile de ses mains, n’a pas pour but de finir son œuvre le plus vite possible : c’est un impératif économique s’il veut la vendre et en vivre, mais ça n’est pas son moteur quand il est en train de travailler. Il en va de même pour un cuisinier qui aime son métier, et qui prend plaisir au processus, bien qu’il ait aussi une satisfaction à partager ce qu’il a préparé. Idem en réalité pour toutes les personnes qui sont passionnées par leur métier, peu importe le revenu qu’elles en retirent !

Distinguer ce qu’on aime faire et ce qu’on sait faire

Si vous ressentez du plaisir dans le processus, c’est que votre métier vous correspond ! Bien entendu, il serait illusoire de penser que le « chemin » peut être satisfaisant à 100% : il y a, comme dans tout métier, des contraintes, des tâches qu’on préfère à d’autres, des jours où l’on est fatigué et où l’envie n’est pas là… Mais si vous ressentez ce plaisir du processus une grande partie de votre temps professionnel, alors vous êtes au bon endroit, en tout cas à ce stade de votre vie.

Appliqué au métier d’avocat d’affaires ou de juriste, cela donne (dans les moments où vous n’êtes pas épuisé par le rythme…) : apprécier de se creuser les méninges sur la rédaction d’une clause, prendre du plaisir à relire et corriger un projet de contrat, de note ou de conclusions, ou à discuter d’un point juridique avec un autre collaborateur. Ressentir de la curiosité, même le weekend, pour les revues juridiques ou économiques qui vous permettent d’être au courant des derniers textes de loi ou arrêts publiés, ou des derniers deals en cours. Si la rédaction vous ennuie un peu, vous aimez peut-être la négociation, et les réunions où les points de vue s’entrechoquent, où vous mettez en avant vos idées, où vous emportez la mise sur un sujet important pour votre client ou votre entreprise.

Se poser les bonnes questions grâce au coaching

Si vous appréciez ce chemin, ou une partie de celui-ci, à vous de faire en sorte qu’il se rapproche le plus possible de ce que vous préférez dans ce métier (par exemple plutôt rédaction, plutôt négociation, ou peut-être les deux), et d’être sur les dossiers qui correspondent à ce chemin. Le coaching peut vous aider à y voir plus clair, à affirmer ce que vous voulez, à poser des limites.
Si, malgré votre appétence pour le chemin, vous ressentez néanmoins de l’insatisfaction, il vaut mieux chercher le problème ailleurs : peut-être dans l’environnement humain au sein duquel vous exercez. Vous aurez beau aimer le chemin, si l’associé ou le dirigeant pour lequel vous travaillez ne vous correspond pas en termes de personnalité, ou que le rythme qu’on vous impose vous épuise, vous serez insatisfait et vous aurez peut-être envie de quitter votre métier pour les mauvaises raisons.

Pour approfondir et comprendre ce qui vous motive, et l’environnement humain dans lequel vous pouvez vous épanouir, Synapsis vous accompagne dans ce processus de changement, qu’il soit intérieur ou extérieur.

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